Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 janvier 2009 6 24 /01 /janvier /2009 01:19
Procréation ou plaisir dans la sexualité animale ?
http://www.dailymotion.com/relevance/search/homosexualite+animale/video/x35483_homosexualite-animale_travel


Qui a dit que dans la sexualité animale tout était qu'une question de procréation ?
Sexualité animale : orgies, trios et frottements

Les animaux sont-ils capables de “faire du sexe pour le sexe”, de se masturber ou d’avoir des relations homosexuelles ? La Villette consacre un cycle de conférences à la sexualité de ceux qu’on appelle un peu trop vite des “bêtes”.

 

Ggrubbing

 

La recherche du plaisir sexuel n’est pas l’apanage de l’être humain. Chaque mardi à 18h30,  jusqu'au 10 février, Frank Cézilly - professeur d'écologie comportementale à l'université de Bourgogne - et ses collègues animent à la Cité des Sciences toute une série de conférences qui devraient faire tomber des œillères : saviez-vous que les dauphins copulent avec des tortues dont ils se servent à la façon de poupées gonflables ? Les tortues ne sont pas consentantes. Mais qu’importe. Les dauphins se servent d’elles dans le seul but de se procurer du plaisir. Il leur arrive même de se satisfaire avec des anguilles ou des requins. Saviez-vous également que les girafes s’accouplent très fréquemment entre mâles ? Ces relations homosexuelles sont d’ailleurs caractérisées par une étrange parade appelée “necking” (l’enlacement des cous) : les mâles enlacent leurs cous, ce qui provoque généralement une érection suivie de “montes” auxquels peuvent s’associer 2 à 3 autres mâles attirés par le jeu…

“L'activité sexuelle ne limite pas à la simple copulation entre un mâle et une femelle chez un bon nombre d'espèces, résume Frank Cézilly. Des comportements homosexuels allant de simples comportements affiliatifs, jusqu'à la copulation, en passant par la stimulation sexuelle, s'observent par exemple chez certains insectes ou reptiles, chez les oies, chez les girafes, ou encore chez les bonobos.” Dans un livre à paraître en mars, aux éditions Le Pommier, Frank Cézilly consacre d’ailleurs un chapitre entier à la question de l’homosexualité animale. Ce chapitre, co-rédigé avec Michel Raymond (directeur de recherche au CNRS) ouvre de troublantes perspectives sur la vie privée des coléoptères, des papillons, des libellules et des blattes…

Je cite : “Il s’agit principalement de montes, ou de tentatives de montes, pratiquées par des mâles sur d’autres mâles. Mais il arrive qu’ils soient associés à une sorte de “frénésie sexuelle” qui touche les deux sexes. Ainsi, les observations d’agrégats formés par les charançons des agrumes, Diaprepes abbreviatus L.n ont révélé qu’à côté des accouplements “classiques” entre mâles et femelles, les femelles montent les mâles, les mâles se montent entre eux et montent même les couples déjà formés. La stimulation sexuelle associée à ces montes semble réelle puisqu’on observe que lorsqu’une femelle monte une autre femelle, elle étend son appareil ovipositeur de la même façon qu’au moment de pondre. De même, lorsqu’un mâle monte un autre mâle, son appareil génital pénètre la cavité anale de son partenaire.

Disséquant les mœurs étonnantes de toutes sortes d’animaux – de la couleuvre jarretière à flancs rouges jusqu’à l’oie cendrée -, les deux chercheurs dévoilent certaines découvertes récentes en écologie comportementale. Le scarabée japonais est incapable de faire la différence entre un partenaire mâle ou femelle (il s’accouple donc au hasard). Les mâles chez le gypaète barbu peuvent choisir de vivre en trio, avec une femelle et un autre mâle. Les bonobos femelles pratiquent couramment entre elles le GG-Rubbing (frottement des parties génitales suivant un rythme de 2,2 mouvements par seconde, aussi rapide que la copulation des mâles). Les parades homosexuelles des jars sont souvent bien plus exubérantes que celles de couples hétéros (quand un jar est plus grand que son partenaire, il le monte, et quand les jars ont la même taille, ils se montent à tour de rôle). Chez le petit pingouin, Alca torda, l’homosexualité est monnaie courante au sein de certains rassemblements: 66% des mâles sont “actifs” et 91% se font monter par d’autres mâles.

Les exemples d’unions sont également aussi divers que dans la population humaine: monogamie homosexuelle, monogamie hétérosexuelle, polygynie (lorsqu’un mâle monopolise plusieurs femelles), polyandrie (lorsqu’une femelle monopolise plusieurs mâles), promiscuité sexuelle… Tous les exemples sont dans la nature. Pour Frank Cézilly, qui organise à la Villette tout ce cycle de conférences sur les amours des dauphins ou des cygnes, il s’agit d’interroger “la limite entre l'homme et l'animal et ce qui sépare une sexualité  ancestrale ancrée dans la finalité reproductrice d'une sexualité hédoniste, censée être l'apanage de l'espèce humaine.” Préparez-vous à tomber des nues.


TROIS QUESTIONS A FRANK CEZILLY

Le préjugé concernant les animaux veut qu'ils soient strictement hétérosexuels, puisque leur sexualité n'aurait qu'un seul but : la procréation. Est-ce vrai ?
Si l'on restreint la sexualité à la procréation, il est évident que la sélection naturelle doit favoriser les copulations entre mâles et femelles. Mais est-ce que cela signifie pour autant qu'elle interdit toute homosexualité ?  Les organismes vivants ne sont pas des machines parfaitement réglées par un grand horloger, ils n'obéissent à aucun un dessein particulier pré-établi. Ce qui caractérise le vivant c'est précisément sa diversité, et en particulier celle qui existe à l'intérieur des espèces. Celle-ci peut dépendre en partie de la composition génétique des populations, mais elle procède aussi, particulièrement au plan comportemental, du développement des individus et de leur expérience. Si bien qu'il n'y a rien de surprenant à observer que les animaux, en diverses occasions et selon les espèces, peuvent développer des orientations homosexuelles et même des affiliations homosexuelles résultant en des associations stables dans le temps entre individus de même sexe.

Certains chercheurs avancent que ces comportements sont les symptômes d'un dérèglement : il s'agirait d'une perturbation dans l'équilibre de l'animal ou du groupe, ou d'un "trop plein de libido". Les animaux ne seraient donc homosexuels (ou sur-sexuels) que dans des situations de crise, de pollution, de stress ou autre. A l'état naturel, dans un environnement "normal", ils seraient toujours hétérosexuels ?
Il est certain que la fréquence des comportements homosexuels augmente dans la nature lorsque qu'un sexe devient beaucoup plus fréquent que l'autre, quelle que soit la cause de cette altération de la sex-ratio. C'est aussi le cas en situation de captivité.  Pour autant l'homosexualité s'observe aussi en conditions "naturelles", par exemple chez les gorilles, et elle peut être alors liée à une forme d'organisation sociale qui implique la formation de groupes multi-mâles par exemple.

Des études ont-elles été faites sur le pourcentage d'homosexuel(le)s au sein de telle ou telle espèce animale ? Comparativement au pourcentage d'homosexuel(le)s dans l'espèce humaine ?
Pas à ma connaissance, en tout cas de façon systématique à l'échelle d'une population. Qui plus est votre question sous-entend qu'il existerait des individus strictement homosexuels. Ce cas semble le moins fréquent, et il convient plutôt de concevoir que l'activité homosexuelle observée dans la nature est le plus souvent le fait d'individus bisexuels
.

 

Triocervide 



Partager cet article
Repost0

commentaires